Note de lecture de Laurence Salignat concernant l’ouvrage de Joël Clerget:Devenir soi avec d’autres. Éco-psychanalsye des interactions sociales, éditions érès 2023

Devenir soi avec d’autres. Éco-psychanalyse des interactions sociales

Joël Clerget, éditions érès, septembre 2023

Notre de lecture Laurence Salignat

De quelle part se saisit-on à la lecture d’un texte ? De quoi est-on tenu dans cette expérience à deux pôles, l’un écrivant, l’autre lisant ? A l’heure de l’Intelligence Artificielle et de ses offres d’écritures rapides, à l’heure du défi social et écologique, il semble encore stimulant de prendre le temps de lire une personne qui a pris celui d’écrire ! Stimulant et sans doute essentiel. Dans son Devenir soi avec d’autres, Joël Clerget, auteur et psychanalyste, propose une trame complexe où se tissent réflexions inspirées par une longue pratique clinique, entrelacements d’expériences personnelles, retours sur les lectures d’une vie. Le contenu en est inspirant, diffusant, et parfois, filant, échappant. Car, figurent bien dans cet ouvrage, tout à la fois, ce qui abrite, ce qui assied, ce qui est porté, ce qui se puise dans les profondeurs, ce qui renforce et ce qui ébrèche. Et par-delà les expériences, réflexions et connaissances relatées, est également exprimé ce qui, plus inconsciemment et mystérieusement, se dégage pour permettre à nos vies des renouveaux et des vibrations, chacun disposant de son propre milieu. Comment habitons-nous notre vie ? Et plus largement, notre terre ? Il y a ici possibilité d’affiner ses perceptions, de remonter ses filets de pêche et de trouver une liberté : celle de penser les relations, la multiplicité, les interactions.

Avec ce nouveau titre des éditions Érès, il est rappelé que notre vaste espace humain est animé d’innombrables faisceaux, canaux, liens, trajectoires, pulsions, qui n’ont rien à voir avec la binarité, la simplification, le rejet… Se construire avec d’autres induit une patience, demande une attention soutenue, invite à reconnaître l’altérité. Pour nous, lectrices, lecteurs, soucieux du devenir commun et de ce qui est à préserver dans l’environnement de nos relations sociales, une cohérence se fait jour. Elle va au rythme de la marche et non de la course. Les termes spécifiques employés et les enchaînements ardus sont assimilés. Grâce à l’éveil qui est suscité. Par l’intérêt particulièrement actuel des sujets abordés.

Vivantes trajectoires, comètes de la pensée, insondables rencontres, puissance des lieux et des liens… Pour voir scintiller les intuitions, percevoir les consolations, deviner les équilibres proposés, il nous faut sans doute abandonner cette exigence enseignée et validée de « lecture totale ». Une lecture où notre adhésion constante est le signe de notre immersion réussie et de notre effort, consenti puis récompensé. Renoncer ici à tout comprendre des paysages (d)écrits de l’auteur, c’est pouvoir accéder à des savoirs visibles-puis invisibles, pointés et aussitôt éparpillés… Notre curiosité et nos tâtonnements sont à l’œuvre. Expérience de lecture proche de celle de l’observation des étoiles par nuit d’été. Abandonner les apprentissages et les certitudes, se départir des convenances, oublier quelques instants nos projets, pour s’attarder sur les pépites que sont les traits d’union avec nos semblables, nos matrices, nos assises, nos ancêtres, nos êtres chers et nos disparus, ou encore ce que l’art insuffle au cœur de nos vies.

Dans cette constellation, Joël Clerget installe une rythmique. Son écriture fait part de tensions et de détentes, propres à toute musique. Lorsqu’il explore avec nous l’Habitation, de la toute première, avant notre naissance, à la dernière demeure, il nous donne d’abord à entendre ce tendu. « Notre habitation est un tissage perpétuel de relations plus ou moins conflictuelles », note-t-il. Plus loin, dans ce même chapitre intitulé Lieux et liens, signe d’un apaisement, il cite le poète Jaccottet : « L’homme a besoin de cette demeure étroite, à condition qu’elle soit perméable à l’étendue ».

Stabilité et fugacité, solidité et fragilité : le psychanalyste fait émerger au fil des pages et des chapitres, ces contrastes inhérents à notre condition humaine. La notion de place : endroit pour, lieu où, est un fil rouge du livre. Ainsi, ce crucial : Où te poses-tu ? qui surgit parmi la poétique de l’adresse, les ambiguïtés du lieu, l’assise du corps. L’auteur nous invite à déambuler au cœur de cette puissante expression : lieu d’être.

Dans un autre chapitre, page 168, Le lieu où nous vivons, il articule ses pensées autour de Winnicott qu’il cite à plusieurs reprises, et ouvre des horizons pour échapper au déterminisme du réel… « Vivre créativement est toujours plus important que faire ». Au moment de la refonte de notre mode de penser et des assauts multiformes, ces mentions ne manquent pas de nous alimenter, et de nous rafraîchir… « Par l’acte créatif, l’être humain ne se dissout pas dans les terreurs, horreurs et effrois, car l’art est une expérience de la création » … « qui transforme l’effroi en souffrance vivable », redit Clerget.

Dans cet ouvrage, des compagnons substantiels, répondent aux sollicitations de l’auteur et font l’objet d’une gratitude pudique : Henri Maldiney, très présent, tout comme le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott. Mais aussi : Fernando Pessoa, Carlo Rovelli, physicien théoricien, François Cheng, Emmanuel Levinas, Michèle Montrelay, Pascal Quignard… Et aussi, des scientifiques, des anthropologues, le frère et la grand-mère de Joël Clerget. Météorites heureuses, pour évoquer en compagnie, la portance de l’eau, le souffle, la confiance, la rencontre, les territoires, l’enveloppe, le sein, les lieux du vide, les séparations, les visages…

Ainsi, Joël Clerget en son milieu, par son écriture, nous fait-il part d’une complexité inévitable, d’une altérité nécessaire, d’une chaleur essentielle, pour mieux appréhender notre place en ce monde changeant… Ne s’agit-il pas de modifier nous-mêmes cette place, afin de la maintenir vivante et soutenable ? Quant à la nostalgie de la maturité qui aurait pu s’immiscer dans ce panorama, elle affleure rarement, car il semble trop tôt, ou trop tard, pour que l’auteur y succombe… L’amertume ne s’invite pas non plus. En jardinier, l’auteur prend le temps de détailler, de nouer, de semer, avec labeur, avec volonté de transmettre.

« Quel trajet accomplissons-nous ? (…) « Notre vie sur terre est trajet ». Joël Clerget ne cesse d’interroger les points de départ, les caps et les mouvements. Il indique des réajustements possibles. Face aux récits inquiétants qui prennent place dans notre espace commun, aux recroquevillements, il imagine un ressaisissement, par notre élan vital, revenant à l’élément primordial de notre architecture : « Car, nageant, jouant dans l’eau, nous ne cessons pas d’avoir à respirer, à prendre et à reprendre souffle », écrit-il, page 32, dans le magnifique chapitre Première demeure.

Laurence Salignat

Rédactrice spécialisée culture et portraits.

Site : www.laurence-salignat.fr

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Devenir soi avec d'autres

Joël Clerget

Devenir soi avec d’autres

Éco-psychanalyse des interactions sociales

Éditions érès. Parution début septembre 2023

Présentation vidéo Julien Salinas :youtu.be/ddsc1Nxd9cE

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Devenir soi avec d’autres. Note de lecture Laurence Salignat

Devenir soi avec d’autres. Éco-psychanalyse des interactions sociales

Joël Clerget, éditions érès, septembre 2023

Notre de lecture Laurence Salignat

De quelle part se saisit-on à la lecture d’un texte ? De quoi est-on tenu dans cette expérience à deux pôles, l’un écrivant, l’autre lisant ? A l’heure de l’Intelligence Artificielle et de ses offres d’écritures rapides, à l’heure du défi social et écologique, il semble encore stimulant de prendre le temps de lire une personne qui a pris celui d’écrire ! Stimulant et sans doute essentiel. Dans son Devenir soi avec d’autres, Joël Clerget, auteur et psychanalyste, propose une trame complexe où se tissent réflexions inspirées par une longue pratique clinique, entrelacements d’expériences personnelles, retours sur les lectures d’une vie. Le contenu en est inspirant, diffusant, et parfois, filant, échappant. Car, figurent bien dans cet ouvrage, tout à la fois, ce qui abrite, ce qui assied, ce qui est porté, ce qui se puise dans les profondeurs, ce qui renforce et ce qui ébrèche. Et par-delà les expériences, réflexions et connaissances relatées, est également exprimé ce qui, plus inconsciemment et mystérieusement, se dégage pour permettre à nos vies des renouveaux et des vibrations, chacun disposant de son propre milieu. Comment habitons-nous notre vie ? Et plus largement, notre terre ? Il y a ici possibilité d’affiner ses perceptions, de remonter ses filets de pêche et de trouver une liberté : celle de penser les relations, la multiplicité, les interactions.

Avec ce nouveau titre des éditions Érès, il est rappelé que notre vaste espace humain est animé d’innombrables faisceaux, canaux, liens, trajectoires, pulsions, qui n’ont rien à voir avec la binarité, la simplification, le rejet… Se construire avec d’autres induit une patience, demande une attention soutenue, invite à reconnaître l’altérité. Pour nous, lectrices, lecteurs, soucieux du devenir commun et de ce qui est à préserver dans l’environnement de nos relations sociales, une cohérence se fait jour. Elle va au rythme de la marche et non de la course. Les termes spécifiques employés et les enchaînements ardus sont assimilés. Grâce à l’éveil qui est suscité. Par l’intérêt particulièrement actuel des sujets abordés.

Vivantes trajectoires, comètes de la pensée, insondables rencontres, puissance des lieux et des liens… Pour voir scintiller les intuitions, percevoir les consolations, deviner les équilibres proposés, il nous faut sans doute abandonner cette exigence enseignée et validée de « lecture totale ». Une lecture où notre adhésion constante est le signe de notre immersion réussie et de notre effort, consenti puis récompensé. Renoncer ici à tout comprendre des paysages (d)écrits de l’auteur, c’est pouvoir accéder à des savoirs visibles-puis invisibles, pointés et aussitôt éparpillés… Notre curiosité et nos tâtonnements sont à l’œuvre. Expérience de lecture proche de celle de l’observation des étoiles par nuit d’été. Abandonner les apprentissages et les certitudes, se départir des convenances, oublier quelques instants nos projets, pour s’attarder sur les pépites que sont les traits d’union avec nos semblables, nos matrices, nos assises, nos ancêtres, nos êtres chers et nos disparus, ou encore ce que l’art insuffle au cœur de nos vies.

Dans cette constellation, Joël Clerget installe une rythmique. Son écriture fait part de tensions et de détentes, propres à toute musique. Lorsqu’il explore avec nous l’Habitation, de la toute première, avant notre naissance, à la dernière demeure, il nous donne d’abord à entendre ce tendu. « Notre habitation est un tissage perpétuel de relations plus ou moins conflictuelles », note-t-il. Plus loin, dans ce même chapitre intitulé Lieux et liens, signe d’un apaisement, il cite le poète Jaccottet : « L’homme a besoin de cette demeure étroite, à condition qu’elle soit perméable à l’étendue ».

Stabilité et fugacité, solidité et fragilité : le psychanalyste fait émerger au fil des pages et des chapitres, ces contrastes inhérents à notre condition humaine. La notion de place : endroit pour, lieu où, est un fil rouge du livre. Ainsi, ce crucial : Où te poses-tu ? qui surgit parmi la poétique de l’adresse, les ambiguïtés du lieu, l’assise du corps. L’auteur nous invite à déambuler au cœur de cette puissante expression : lieu d’être.

Dans un autre chapitre, page 168, Le lieu où nous vivons, il articule ses pensées autour de Winnicott qu’il cite à plusieurs reprises, et ouvre des horizons pour échapper au déterminisme du réel… « Vivre créativement est toujours plus important que faire ». Au moment de la refonte de notre mode de penser et des assauts multiformes, ces mentions ne manquent pas de nous alimenter, et de nous rafraîchir… « Par l’acte créatif, l’être humain ne se dissout pas dans les terreurs, horreurs et effrois, car l’art est une expérience de la création » … « qui transforme l’effroi en souffrance vivable », redit Clerget.

Dans cet ouvrage, des compagnons substantiels, répondent aux sollicitations de l’auteur et font l’objet d’une gratitude pudique : Henri Maldiney, très présent, tout comme le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott. Mais aussi : Fernando Pessoa, Carlo Rovelli, physicien théoricien, François Cheng, Emmanuel Levinas, Michèle Montrelay, Pascal Quignard… Et aussi, des scientifiques, des anthropologues, le frère et la grand-mère de Joël Clerget. Météorites heureuses, pour évoquer en compagnie, la portance de l’eau, le souffle, la confiance, la rencontre, les territoires, l’enveloppe, le sein, les lieux du vide, les séparations, les visages…

Ainsi, Joël Clerget en son milieu, par son écriture, nous fait-il part d’une complexité inévitable, d’une altérité nécessaire, d’une chaleur essentielle, pour mieux appréhender notre place en ce monde changeant… Ne s’agit-il pas de modifier nous-mêmes cette place, afin de la maintenir vivante et soutenable ? Quant à la nostalgie de la maturité qui aurait pu s’immiscer dans ce panorama, elle affleure rarement, car il semble trop tôt, ou trop tard, pour que l’auteur y succombe… L’amertume ne s’invite pas non plus. En jardinier, l’auteur prend le temps de détailler, de nouer, de semer, avec labeur, avec volonté de transmettre.

« Quel trajet accomplissons-nous ? (…) « Notre vie sur terre est trajet ». Joël Clerget ne cesse d’interroger les points de départ, les caps et les mouvements. Il indique des réajustements possibles. Face aux récits inquiétants qui prennent place dans notre espace commun, aux recroquevillements, il imagine un ressaisissement, par notre élan vital, revenant à l’élément primordial de notre architecture : « Car, nageant, jouant dans l’eau, nous ne cessons pas d’avoir à respirer, à prendre et à reprendre souffle », écrit-il, page 32, dans le magnifique chapitre Première demeure.

Laurence Salignat

Rédactrice spécialisée culture et portraits.

Site : www.laurence-salignat.fr

Devenir soi avec d’autres, édions érès, septembre 2023, présentation vidéo

Actualité de la psychanalyse
7 septembre 2023
14×20.5 300 p. 28 €
Présentation vidéo Julien Salinas :youtu.be/ddsc1Nxd9cE

Devenir soi avec d’autres, L’actualité de la psychanalyse, érès, septembre 2023

Actualité de la psychanalyse
7 septembre 2023
14×20.5 300 p. 28 €

L’INVITATION À LA BEAUTÉ. Colloque de recherche 18 et 19 novembre 2022

“L’ouverture au monde par l’empathie

esthétique”

Vendredi 18 novembre 2022
La beauté soigne les liens en nous

Lieu : Faculté de Médecine et de Maïeutique de Lyon Sud Modérateur : Joël Clerget

Samedi 19 novembre 2022
La beauté soigne les liens entre nous
Lieu : École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Modératrice : Chantal Dugave